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Avis de rififi en Francophonie...

Rédacteur en chef d’Agora Francophone Internationale, Arnaud Galy écrit dans son dernier éditorial :

"Il apparaît de plus en probable que le prochain Sommet de la Francophonie, qui se tiendra à Erevan (Arménie) en octobre, sera tout sauf un paisible rassemblement courtois de la Francophonie institutionnelle.

Ces derniers jours, des membres de la famille francophone ont sorti les couteaux. La France, au tiède engagement francophone depuis des décennies, a décidé de réinvestir le terrain. Afin de marquer les esprits, le Président Macron refuse de soutenir Michaëlle Jean, l’actuelle Secrétaire générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie dans sa quête d’un second mandat.

La voix de la France se portera sur la Rwandaise Louise Mushikiwabo. Un coup inattendu à plusieurs effets : les Canadiens s’étranglent tant ils pensaient que Paris, Ottawa et Québec s’uniraient pour la réélection de leur ressortissante. Sur le continent africain, on cauchemarde de-ci de-là voyant possiblement venir une OIF dirigée par un pays qui semblait vouloir imposer la langue anglaise alors que sa société est indéniablement francophone.

D’autres hésitent, en équilibre instable, ne sachant s’ils doivent se réjouir de voir l’organisation retrouver une voix africaine pour porter l’OIF ou s’ils doivent pleurer toutes les larmes de leurs corps de voir le poste leur passer sous le nez, une fois de plus... Certains, enfin, toujours interloqués sont bouche bée, muets devant l’éclat que personne n’avait vu venir de la part Président français.

Les mois qui s’annoncent, rudes sans aucun doute, pétilleront et s’enflammeront de débats, de polémiques – mesquines ou majeures – et de confrontations salutaires. Ils offriront à Michaëlle Jean l’occasion de dresser son bilan des quatre années passées à promouvoir sa vision de la francophonie. Ils ouvriront des espaces médiatiques à Louise Mushikiwabo et pourquoi pas à d’autres candidats afin d’exprimer leur vision d’une Francophonie réorientée.

Car, au fond, s’agit-il de changer de personnes et d’équipe dirigeante ou de construire un projet sur des bases différentes ? L’éducation, les droits humains, l’économie, le numérique, la culture, le développement durable... qui fera les frais de la redistribution des cartes en cas de départ de Michaëlle Jean ? Mais partira-t-elle ? On ne saurait imaginer la position inconfortable de la France si Madame Jean parvenait à rassembler un nombre suffisant de soutiens et se maintenait à la tête de l’organisation.

À cette heure seuls les fakirs amateurs se hasarderont à émettre un pronostic sur l’issue de la tempête qui secoue la Francophonie. Erevan sera-t-elle le théâtre d’une seconde révolution pacifique après celle qui a porté au pouvoir Nikol Pachinian. À voir... Issue qui ne tient aucunement compte du forfait, toujours possible, d’une des candidates.... "

Arnaud Galy
Rédacteur en chef d’Agora Francophone Internationale

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Agora francophone - Mai 2018.