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Former en français les officiers en opération de maintien de la paix

Violène Muller est depuis 3 ans coordinatrice pédagogique à l’Alliance française de Rio de Janeiro. Elle présente sa démarche pédagogique dans le domaine du FOS, sur le site du Français des Affaires.

Propos recueillis par Laëtitia Hedengren

Lauréate 2021 du DDIFOS Diplôme de Didactique du Français sur Objectifs Spécifiques de la CCIP, Violène Muller vit au Brésil depuis 6 ans. Coordinatrice pédagogique depuis 3 ans à l’Alliance française de Rio de Janeiro, après avoir été professeure dans l’État de Rio, elle est passionnée par l’apprentissage des langues étrangères.

Elle nous fait découvrir sa méthode innovante de formation axée sur le secteur de la défense, à travers son projet pédagogique : "Former en français les officiers hauts gradés brésiliens partant en opération de maintien de la paix au Congo et en Centrafrique".

Pourquoi avoir choisi le secteur de la défense ?
Tout simplement parce que nous avons une forte demande de formation de militaires à Rio, mais également sur tout le territoire national. De nombreuses Alliances françaises du réseau brésilien travaillent sur des projets similaires.

J’ai préféré axer mon DDIFOS sur du concret, une réelle demande et un public-cible pour lequel l’Alliance française disposait déjà de contacts. Dans ce contexte, il est plus facile de se plonger dans le travail de recherche que demande la création d’un programme FOS.

L’Alliance française de Rio donne des cours aux militaires de toutes armes depuis quelques années maintenant, mais aucun programme de FOS n’avait encore été conçu. J’ai donc sauté sur l’occasion !

Comment vous êtes-vous adaptée au profil des militaires ?
Par une petite innovation pédagogique : pour le 3ème volet du DDIFOS, j’ai proposé une séquence pédagogique complètement numérique en auto- apprentissage sur une plateforme dédiée.

Il faut savoir que les militaires brésiliens sont très souvent absents (en missions, en déplacement etc.). Il est donc très difficile de réussir à les former avec des cours en présentiel. Cette particularité a toujours été un enjeu majeur pour les formateurs de l’Alliance française de Rio de Janeiro. L’idée était donc de créer un cours hybride : une partie en présentiel synchrone, et une partie asynchrone pour qu’ils puissent étudier de manière plus flexible.

Cette innovation est tellement utile que je suis en ce moment cheffe de projet, également pour la création d’un cours entièrement en ligne à destination des militaires, mais cette fois-ci pour le réseau national brésilien, une demande de l’Attaché militaire à l’Ambassade de France et du Coopérant de défense souhaitant une offre de formation standardisée de l’apprentissage du français. Le DDIFOS a donc réellement été un élément déclencheur pour moi.

Comment le FOS facilite-t-il le travail des militaires sur le terrain ?
Il existe de nombreux accords entre les gouvernements français et brésilien. Les hauts-gradés doivent savoir parler français lorsqu’ils reçoivent des militaires français. Les militaires brésiliens sont quant à eux régulièrement appelés pour partir en missions de maintien de la paix dans des pays francophones (les prochaines missions auront lieu au Congo et en Centrafrique en 2022).

N’oublions pas que le français est une des langues officielles de l’ONU, qui dirige de nombreuses opérations de maintien de la paix dans le monde, et notamment en Afrique francophone, pour lesquelles les militaires brésiliens peuvent être appelés.

Même s’il est vrai que l’anglais permet les premiers échanges avec tous les bataillons internationaux, il s’avère que cela n’est pas suffisant. Pour la vie sur place au quotidien, la proximité et le partage d’informations avec la population, mais aussi dans leurs fonctions (en tant qu’observateurs militaires, face à un état-major ou en tant que formateurs par exemple), le FOS est un véritable atout.

Quel a été le plus gros défi à relever lors de la création de votre programme ?
La gestion du temps. Le DDIFOS est un vrai diplôme, ce n’est pas une simple formation. J’ai mis un an et demi à réaliser mon programme. Le challenge a été de m’organiser pour pouvoir jongler avec d’autres activités, tout en consacrant beaucoup de temps à la partie théorique qui a une place très importante.

J’ai dû également être minutieuse, car avant cette formation je ne connaissais que très peu le milieu militaire. Il a fallu trouver des sources fiables, comprendre les acronymes, les abréviations, penser aux actes langagiers etc. Trouver des documents authentiques dans le secteur de la Défense n’est pas toujours simple, car certains documents sont confidentiels. La force du FOS c’est de pouvoir rassembler le maximum de connaissances, afin par la suite de créer le programme le plus précis possible. L’aide du tuteur est en cela cruciale.

Selon vous, quelle est la valeur ajoutée de la langue française au Brésil ?
L’anglais et l’espagnol restent la base, mais le français est réellement considéré comme une des langues de la diplomatie.

Au Brésil, les militaires ont la possibilité de passer un diplôme en langue française. Ce Diplôme va leur permettre de cumuler des points dans leur carrière afin de pouvoir partir en mission. Il y a donc un réel avantage au fait de savoir parler français.

Mais dans un contexte plus large, au Brésil, la langue française est très appréciée pour la culture qu’elle véhicule. Elle est souvent perçue comme la langue d’une certaine élite. Aujourd’hui, elle commence à se populariser et l’objectif est d’en faire une langue accessible à tous.

En savoir plus :

 Le site du Français des affaires

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