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Les JO de Paris 2024, une chance pour la langue française ?

Un article de Michel Feltin-Palas, rédacteur en chef à L’Express

"Sur le papier, cela paraît évident : les JO de Paris de 2024 représentent une occasion en or de mettre en avant la langue française. Le monde entier n’aura-t-il pas les yeux tournés vers notre pays pendant plusieurs semaines ? Le sens des réalités, hélas, invite à la prudence.

Commençons par un petit rappel historique. La place prééminente réservée à notre idiome national dans cet événement à nul autre pareil doit évidemment beaucoup à Pierre de Coubertin. C’est lui qui, en relançant la compétition à la fin du XIXe siècle, offrit au français son statut de langue officielle.

Un privilège dont il garda longtemps le monopole, avant de devoir le partager avec l’anglais, à partir de 1972, à une époque où le Comité international olympique était dominé par les Anglo-saxons - ce n’est pas exactement un hasard.

Quoi qu’il en soit, depuis cette date, ces deux langues sont censées être systématiquement employées dans les documents officiels et la signalétique mais aussi lors des annonces des épreuves, le déroulement des cérémonies, les conférences de presse des membres du Comité international olympique (CIO) et de son bras armé, le comité d’organisation des Jeux olympiques (Cojo).

Présence sur notre sol oblige, un effort supplémentaire a même été prévu cette année, avec notamment la diffusion d’un Guide des bonnes pratiques linguistiques pour les acteurs du sport francophone. Surtout, un impressionnant travail de terminologie a été mené, afin de disposer d’un vocabulaire français pour les gestes et les mouvements les plus utilisés.

"Comme il était impossible de tout faire, nous avons privilégié les quatre nouveaux sports de Paris 2024 : le break, le surf, l’escalade et la planche à roulettes", précise Daniel Zielinski, le haut fonctionnaire à la langue française pour le sport. Il est ainsi recommandé d’employer "équipe" au lieu de crew ; "défi" au lieu de battle ; "ouvreur" au lieu de route setter, et ainsi de suite.

Si l’effort est louable, il reste cependant insuffisant. En effet, la charte olympique ne s’applique qu’au CIO et au Cojo au sens strict. Ce qui veut dire que les Jeux paralympiques, par exemple, ne sont pas tenus de la respecter, pas plus que les Jeux olympiques de la jeunesse. Résultat : on y recourt presque uniquement à la langue de Shakespeare.

Il en va de même pour les fédérations internationales qui, elles aussi, sont libres de communiquer comme elles l’entendent et, à de rares exceptions près, ne s’en privent pas. "Le surf parle exclusivement l’anglais, y compris quand une épreuve est organisée sur notre sol", regrette Daniel Zielinski. Le président de cette fédération nous l’a d’ailleurs dit sans fard : “Vous voulez des commentaires en français ? Vous n’avez qu’à payer !”" [...]

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