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Le Cavilam lance un appel de détresse

Les centres de FLE dans l’attente d’un soutien des pouvoirs publics

Six mois après le début de la crise sanitaire et faute d’un soutien significatif de la part des pouvoirs publics, nombre de centres de FLE en France n’ont d’autre choix que les mesures de licenciements ou la cessation d’activité.


"Privé de stagiaires étrangers en raison du Covid-19, le Cavilam de Vichy lance un appel de détresse" titre le quotidien La Montagne en date du 7 octobre :

"Malgré le déconfinement, le Cavilam de Vichy, qui assure l’enseignement du français aux étudiants et professeurs venus de l’étranger, subit encore les effets de la crise du Covid-19. La structure a développé des cours en ligne pour trouver de nouvelles ressources, mais elles ne compensent pas les pertes. "Le Cavilam n’est pas en cessation de paiement, mais en détresse. Nous aurons sans doute besoin d’aide. Michel Boiron, le Directeur général du Cavilam Alliance Française, ne mâche pas ses mots. [...]

Alors que l’année 2020 commençait normalement, le confinement et les fermetures de frontières ont privé l’établissement de ses élèves. Sans retour à la normale après le déconfinement, la crise ayant déclenché une cascade d’annulations.

Une activité en baisse de 90% cet été
Courant juillet, août et septembre, le Cavilam a accueilli seulement 201 personnes dans ses locaux, soit une baisse de l’effectif de 90 % par rapport à 2019 sur cette période traditionnellement la plus active de l’année. "D’ici fin décembre, on estime que l’établissement aura reçu moins de 900 stagiaires alors qu’ils étaient plus de 4000 au cours de l’année 2019", souligne Michel Boiron.

Un déficit prévisionnel estimé à 1.200.000 €

Confronté à une baisse massive de revenus, le Cavilam estime que son chiffre d’affaires sera inférieur à 2400000 € en fin d’année, avec un déficit prévisionnel estimé à 1.200.000 €. Un choc économique que l’institution tente d’amortir en développant des cours en classe virtuelle, en créant une offre de formations pour les professeurs de français à l’étranger et en répondant à des appels d’offres afin de trouver de nouvelles ressources financières.

"Comme l’essentiel de nos enseignements se fait actuellement par le numérique, les personnels s’adaptent aux fuseaux horaires. Un cours peut très bien commencer à 6h du matin ou se terminer à 21h30, selon qu’il se déroule à New York ou en Australie."

L’établissement fait également appel au temps partiel, un certain nombre d’heures de travail étant chômé. "Toutes ces mesures, nous ont permis d’éviter un plan de licenciements en 2020, explique Michel Boiron. Mais cela ne suffit pas."

Le Cavilam a dû solliciter un PGE - prêt garanti par l’État, pour renflouer sa trésorerie et il vient, la semaine dernière, de demander à sa banque le report des remboursements d’un emprunt de plus de trois millions d’euros qu’il a contracté pour l’aménagement du "86". Un nouveau bâtiment, livré cet été, avec 23 logements, cinq salles de classe et un club du monde.Le "86", nouveau bâtiment situé avenue Lyautey, a été livré cet été. Un lourd investissement réalisé alors que la structure était dans une trajectoire positive, avec près de 5,5 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019.

La collectivité de Vichy, représentée dans le conseil d’administration de l’association, se dit prête à réagir : "On mettra tout en place pour sauver le Cavilam, un acteur économique important du territoire qui n’est pour rien dans cette crise purement conjoncturelle, assure Frédéric Aguilera, maire (LR) de Vichy et président de la communauté d’agglomération. Différentes pistes sont examinées, cela va d’une possible exonération des loyers du pôle Lardy occupé par le Cavilam jusqu’à d’autres aides dans le cadre du dispositif économique Covid de l’agglomération, mais ce seront des gouttes d’eau. Il est clair qu’il faudra une somme de mesures pour aider l’établissement car on ne sait pas quand la crise va s’arrêter. Il y a des emplois directs, mais aussi toute une économie indirecte à Vichy."

L’institution, créée en 1964 par la commune et l’université de Clermont-Ferrand, compte 65 salariés permanents actuellement et sollicite de nombreux hébergeurs dans l’agglomération. En 2019, les stagiaires ont été logés dans 512 familles d’accueil, des hôtels et des locations privées, soit 110.000 nuitées.

Exonérations de charges : "on piétine"

Pour passer la tempête 2020 en attendant des jours meilleurs, le Cavilam tente d’obtenir une exonération de ses charges patronales. "Et, cela fait des mois qu’on piétine sur le sujet", souffle Michel Boiron. L’établissement ne parvient pas être assimilé aux entreprises culturelles et du tourisme bénéficiant de ce levier qui l’aiderait fortement à passer la fin de l’année.

Une liste indicative des établissements concernés a été annexée au projet de loi de finances rectificatif en juillet. "Cette liste est assez large et il y a une marge d’appréciation de la part de l’administration, indique Bénédicte Peyrol (LREM), députée de la troisième circonscription de l’Allier. J’ai fait des démarches auprès des ministères des Affaires étrangères et de l’Économie, mais on n’a jamais eu de position claire nous confirmant que des établissements comme le Cavilam pouvaient être concernés. Il faut absolument faire comprendre la situation particulière de cette structure qui participe au développement de la francophonie et au rayonnement de la France à l’étranger."

Source : La Montagne daté du 07/09/2020

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Photo : ©LaMontagne