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Un symbole et un pari sur l’avenir

Brexit : le Royaume-Uni fait ses adieux à Erasmus +

L’annonce par le Royaume-Uni de son retrait du programme de mobilité 
Erasmus+ a été accueillie avec consternation et émotion dans tous les pays de l’Union européenne. (source : TheConversation.com)

Parmi les diverses conséquences du Brexit, cette décision a sans doute une portée symbolique plus forte que d’autres tant le Royaume-Uni est indissociable des séjours linguistiques et d’études à l’étranger.

Beaucoup de commentateurs ont exprimé de l’inquiétude quant à l’avenir de la mobilité étudiante, dont on dit qu’elle sera plus chère et plus compliquée vers les universités britanniques.

Le Premier ministre Boris Johnson justifie sa décision par le besoin de réaliser une économie budgétaire en supprimant le coût d’adhésion à un dispositif dont les étudiants britanniques bénéficient peu.

Pourtant, les représentants du monde académique anglais tirent depuis des mois la sonnette d’alarme quant à l’impact économique de la baisse anticipée du nombre d’étudiants européens inscrits, qui serait de 57 % dès la première année selon le think tank HEPI.

Le manque à gagner net pour le pays s’estimerait, d’après le groupement d’intérêt University UK à 243 millions de livres sterling par an. [...]

De fait, quand on regarde de près la mobilité actuelle, il est légitime de se demander si la fin de la mobilité Erasmus sera réellement la catastrophe annoncée pour l’industrie de l’enseignement supérieur britannique. En nombres absolus, selon les données de l’Unesco, les quatre premiers pays d’origine de ses étudiants internationaux sont la Chine, l’Inde, les États-Unis et Hongkong, loin devant les pays de l’Union européenne. Sa mobilité entrante dépend donc relativement peu de sa participation à Erasmus.

Quant à la mobilité sortante, les étudiants britanniques ont la particularité – commune à beaucoup de pays anglophones – d’être peu nombreux à partir à l’étranger pour leurs études. [...]

Un « soft power » menacé ?

Alors, que change vraiment cette décision de « sortie » d’Erasmus ? Outre les aspects symboliques déjà évoqués, elle est porteuse d’un fort message politique adressé aux autres pays européens. Renoncer à Erasmus c’est renoncer au projet de ses fondateurs, à savoir la création d’une identité commune et partagée, au service de la construction européenne et de la vision de paix des origines.

Paradoxalement, le grand perdant de ce choix de retrait d’Erasmus pourrait être le Royaume-Uni lui-même, plus que les étudiants européens qui se tourneront vers d’autres destinations anglophones – notamment l’Irlande et l’Irlande du Nord – ou continueront d’aller au Royaume-Uni s’ils en ont les moyens. [...]

L’influence des établissements britanniques risque de pâtir aussi de l’arrêt de la mobilité des personnels enseignants et administratifs, et surtout de leur éloignement progressif des divers consortiums, coalitions et groupements d’universités européennes qui se constituent de plus en plus nombreux pour bénéficier des financements de recherche européens.

Le Royaume-Uni parie sur sa capacité à maintenir son excellence et son influence mondiale par ses propres moyens, suivant sans doute le modèle des États-Unis. Avec un financement public qui se réduit constamment depuis le début des années 2000 le pays ne dispose toutefois pas du même potentiel offert par la philanthropie privée qui permet aujourd’hui aux grandes universités américaines d’entretenir leur prééminence par des bourses, des chaires, des postdocs et des programmes de recherche.

Lire l’article dans son intégralité sur : TheConversation.com

Lire aussi sur LeMonde.fr : Induit par le Brexit, l’abandon d’Erasmus fait polémique au Royaume-Uni (abonnés)


Et pour les professeurs ?

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé un programme de substitution à Erasmus+ baptisé Turing scheme qui permettra normalement des échanges universitaires dans le monde entier.

L’ Association for Language Learning - ALL qui fédère les associations de professeurs de langues au Royaume-Uni a d’ores et déjà régi à cette annonce : "Les éléments émergeant du projet Turing soulèvent des inquiétudes car il n’inclut pas les projets scolaires ni les programmes de formation continue pour les enseignants britanniques. Nous attendons des éclaircissements à ce sujet avant de donner une réponse plus complète.".