Apprendre le français en France
Enseigner le français L’actualité du FLE et du français dans le monde

Les limites du "Apportez votre propre matériel"

Un article de K. Walsh sur son site "EmerginEdTech"pointe quelques limites à la fameuse notion à la mode de "Bring your own Device". L’arrivée du matériel personnel (mobiles, portables ) dans les entreprises, et maintenant dans les écoles et les universités, pose un certain nombre de questions.

5 Reasons Why BYOD is a Bad Idea

Pourquoi est-ce une si mauvaise idée d’apporter son propre matériel en classe ?

Une première objection faite à l’usage des outils numériques personnels en cours est assez souvent invoquée par les enseignants qui ne veulent pas entendre parler de matériel en ligne dans leurs cours. Prétendre imposer l’acquisition d’outils numériques ne serait pas démocratique. Ce à quoi jusqu’ici je repondais que prétendre faire de l’enseignement aujourd’hui sans passer par le numérique est encore moins démocratique, parce qu’on rejette du même coup tous ceux qui n’ont pas accès à une véritable éducation aux médias, à ce qu’on appelle la littératie. Cela fait partie du boulot d’un enseignant de donner des clés pour déchiffrer le monde contemporain, et ces clés sont liées aux réseaux, à l’organisation personnelle de l’information, à la présence en ligne, à la maîtrise de ses données. Et cela se règle de préférence à partir d’un tableau de bord qui est son propre ordinateur.

La diversité de puissance des équipements personnels

La plupart des usages des outils numériques ne demandent pas des équipements monstrueux : qui peut jouer avec son ordinateur à Word of Wordcraft et visionner des vidéos sur Youtube peut également travailler sur des documents en ligne, partager ses images, ses favoris, ses mixages avec les autres . Plus difficiles me semblent en effet les possibilités de visioconférence, le travail sur le son (ah les problèmes avec Audacity !) mais la foule d’applications qui arrivent tous les jours avec le Web 2.0 permettent tant de choses sans applications sur sa machine ou sans grosse capacité de mémoire !

La diversité des formats

Du point de vue de l’enseignant, ces idées vertueuses se heurtent à quelques problèmes : chacun des étudiants a son propre environnement d’apprentissage avec des logiciels spécifiques et il est très difficile d’imposer un même type de navigateur, de serveur de messagerie, etc.. Pourtant il semble que ces obstacles puissent être levés avec des outils standart "redoutables", dont l’ouverture est maximale. Google et ses outils sont de ceux-là : messagerie (gmail), navigateur (Chrome), espace de sauvegarde (le Drive), espace de partage de tous types de documents (Google docs), visioconférence (Hang-out).

L’attrait du "dehors"

La troisième raison est ausi à prendre en compte. On ne peut nier que Facebook a un immense pouvoir d’attraction, que la messagerie est vite ouverte pour chatter avec les copains, que Youtube est aussi élémentaire pour les générations nouvelles que l’air qu’elles respirent.. L’enseignant est en concurrence directe avec ces nouvelles sirènes et s’il cède à l’appel et ouvre sa classe, quelle place, quelle voix pourra-t-il maintenir ? Sur la question de la gestion de l’attention, les discussions ne font que commencer. On lira avec beaucoup de profit ce qu’en dit Olivier Ertzscheid sur son blog, Affordance.

La sécurité

Cette raison est souvent invoquée et depuis des années elle a justifié le blocage de Facebook, de Youtube, de Skype, de grand nombre d’applications qui seraient utiles en classe par la seule décision des administrations et des responsables informatiques. Il serait intéressant de savoir comment peu à peu ces verrouillages cèdent, ou au contraire se renforcent selon les contextes.

Apportez son matériel numérique en classe, et si cela devenait possible ?