Apprendre le français en France
Enseigner le français L’actualité du FLE et du français dans le monde
7 mois après le début de la crise

Mobilité étudiante vers la France : état des lieux

Déjà avant le confinement, on notait une hausse de 20 % de candidatures d’étudiants internationaux souhaitant faire un échange académique en France pour l’année 2020/2021. A l’Essec, la hausse était même de 50 %.

Que sont devenus ces dossiers 7 mois après la clôture des candidatures ?

La pandémie a dissuadé beaucoup moins de jeunes que prévu de venir étudier dans l’Hexagone. La trajectoire n’est pas du tout mauvaise, reconnaît Alexandre Nominé, directeur des relations internationales des Mines Nancy. "On attend de voir le deuxième semestre, mais au pire, ce sera pour notre école d’ingénieurs pareil que l’année 2019/2020."

Sciences Po, où les internationaux représentent habituellement la moitié des promos de masters, enregistre même une légère hausse de 1 à 2 %. A Skema, c’est carrément champagne avec + 15 % d’étudiants internationaux ! Un constat pour le moins inattendu pour une année marquée par la fermeture des frontières.

Tous les établissements ne traversent pas la même situation. L’EM Strasbourg a par exemple refusé l’accueil des étudiants non européens ce semestre. Avec l’incertitude sanitaire internationale, les nouvelles inscriptions de ces étudiants à Montpellier Business School sont en baisse de plus de 10 %. Un recul cependant bien moins important qu’attendu, fait savoir l’école. Au niveau national, les chiffres sont en train d’être consolidés mais la baisse par rapport à l’an passé ne devrait être « que » de 25 %, selon Campus France.

Les visas étudiants passent en priorité

Un quart d’étudiants internationaux en moins n’est pas négligeable, mais le chiffre est à mettre en perspective avec la situation d’autres pays.

Les mobilités sont quasiment à l’arrêt en Australie (442.000 étrangers accueillis dans l’enseignement supérieur en 2019 contre 40 par mois actuellement !), en Nouvelle Zélande, au Canada, aux Etats-Unis ; et très perturbées en Allemagne. Pourquoi la France se distingue-t-elle ? Unanimement, les établissements d’enseignement supérieur louent le travail des ministères de l’Enseignement supérieur et des Affaires étrangères. "Au 15 août, la France était le seul pays autorisant la venue des étudiants internationaux, même ceux issus de pays en alerte rouge, à condition de suivre un protocole sanitaire", assure Béatrice Khaiat, directrice générale de Campus France.

Concernant les demandes de visas, la France a fait le choix de prioriser celles des étudiants et des chercheurs. Le travail de communication entrepris auprès des universités étrangères a été bénéfique pour les écoles françaises et "les étudiants internationaux ont fait massivement le choix de la France, et non ailleurs en Europe", pense savoir un responsable de Skema.

"Certains sont même venus sur des vols de rapatriement, comme ce fut le cas sur un Moscou-Paris cet été dans lequel il y avait beaucoup d’étudiants russes", souligne Alexandre Nominé. "Le slogan "La France vous accueille" de Campus France n’était pas qu’un slogan", conclut Vanessa Scherrer, directrice des affaires internationales de Sciences Po. Et d’ajouter : "Un signe politique fort qui a contribué à convaincre les étudiants de rejoindre la France en cette période particulière et qui marquera sans doute dans le long terme".

Si la situation est inespérée pour les étudiants étrangers, elle est déprimante pour leurs camarades français... [...]

La mobilité virtuelle ou l’international autrement

Après des années d’internationalisation à marche forcée, les établissements d’enseignement supérieur sont incités à expérimenter la mobilité... virtuelle.

A l’ESIA, plusieurs étudiants ont effectué leur stage technique à l’international entièrement à distance : en laboratoire de recherche au Brésil, à Tokyo et à Bangkok, en entreprise à Amsterdam. "Le retour des maîtres de stage est positif, celui des étudiants également", affirme Susan Loubet, directrice des relations Internationales de l’École. "Ce travail à distance dans un contexte international et multiculturel prépare nos étudiants au monde du travail de demain, c’est indéniable."

La crise sanitaire ne fait qu’accélérer un processus de transformation digitale qui était bien déjà enclenché. "Face au réchauffement climatique, causé en partie par le trafic aérien, l’enseignement supérieur doit déployer imagination et créativité pour faire de l’international autrement", ajoute Susan Loubet. Le nouveau cycle du programme européen Erasmus +, finance pour la première fois les mobilités dites "virtuelles".

Lire cet article dans son intégralité sur start.lesechos.fr en date du 15/10/2020.