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Michel Feltin-Palas

Sur le bout des langues : l’étymologie insolite des noms d’animaux

Retrouvez chaque semaine sur Fle.fr la Lettre d’information de Michel Feltin-Palas, rédacteur en chef à L’Express, consacrée à la vie du français, des langues de France et à la diversité linguistique.


Extraits et sommaire de la Lettre du 14 avril :

"Pourquoi une belette s’appelle-t-elle une belette, un canari un canari, une dinde une dinde ? Les réponses sont souvent surprenantes...

La légende est trop belle pour ne pas être rapportée. Nous sommes au temps des tout premiers Capétiens et un condamné à mort s’apprête à être décapité. Le pauvre hère a beau clamer son innocence, personne ne le croit et l’heure du châtiment a sonné. Seulement voilà : au moment où le bourreau lève sa sinistre hache, une coccinelle vient se poser sur la nuque de l’infortuné.

Le bourreau la chasse ; elle revient. Il la chasse de nouveau ; rien n’y fait : l’insecte reprend systématiquement sa place. Robert Le Pieux (972-1031) décide alors d’intervenir. Le souverain voit dans l’attitude de la bestiole un signe divin et gracie l’individu sur-le-champ.

L’histoire est déjà magnifique, mais elle n’est pas terminée car, quelques jours plus tard, le véritable meurtrier est confondu et arrêté. Dès lors, le petit coléoptère parsemé de points noirs sera surnommé "bête à bon Dieu", expression qui voisinera avec son appellation initiale, coccinelle (du latin coccinus, "écarlate").

Ce récit traditionnel m’a donné envie de me plonger cette semaine dans un étrange bestiaire, celui des noms d’animaux insolites. Car l’étymologie, dans ce domaine, est particulièrement inventive. La preuve.

Belette. Nul besoin d’être un grand savant pour le deviner : le nom du petit mammifère est issu de l’adjectif beau, bel. Belette signifie donc littéralement "belle petite bête". La surprise vient d’ailleurs. Le mammifère, considéré comme un carnassier maléfique, portait auparavant le nom de mostoile ou mustele, du latin mustela (racine que l’on retrouve dans mustélidé). Si l’on a changé son appellation, c’est en espérant réduire ses méfaits, de manière conjuratoire en quelque sorte. Plus curieux encore : le même procédé est observé en castillan, en danois, en basque, en bavarois ou en toscan...

Canari. Ce serin tire évidemment son nom des îles Canaries, où l’on en trouvait à foison. Ce que l’on sait moins, c’est la raison pour laquelle l’archipel espagnol aurait ainsi été baptisé par le roi Juba, au Ier siècle avant Jésus-Christ. En fait, le souverain numide y aurait rencontré des... chiens gigantesques, en latin canis. Et c’est ainsi que "les îles aux chiens" ont fini par donner leur nom à un oiseau. [...]"

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