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Frédéric Petit, député des Français de l’étranger, a présenté son rapport

Diplomatie culturelle et d’influence : priorités et enjeux pour demain

Dans un entretien accordé au PetitJournal.com Frédéric Petit, député MoDem des Français établis à l’étranger (1) présente les conclusions de son rapport parlementaire sur la diplomatie culturelle et d’influence.


Extraits

"La diplomatie culturelle et d’influence a-t-elle été fragilisée par la crise, et est-elle aujourd’hui en danger ?

Je ne le pense pas. Nos opérateurs ont certes, été marqués par la crise sanitaire. Leurs revenus ont baissé, les Instituts français, par exemple, n’avaient plus d’élèves tout à coup. Cependant, dire que cela a fragilisé notre diplomatie d’influence serait mésestimer le rôle que la France joue dans le monde.

Nous sommes l’un des rares pays au monde, peut-être même le seul, qui continue à financer des établissements d’enseignement du français à l’étranger. À titre d’illustration, au Liban, nos opérateurs ont été fortement touchés mais nous avons tout de même pu aider le pays à reconstruire son propre système scolaire juste après la terrible explosion de l’été.

Vous avez indiqué qu’une réforme de l’enseignement français à l’étranger, qui resterait au milieu du gué, constituerait un danger. Pourquoi cette déclaration ?

Ce gouvernement a lancé une vaste réforme de ses réseaux culturels et d’influence. Certains opérateurs ont totalement réussi leur mue, engagée avant ce mandat. C’est le cas de Campus France ou d’Expertise France, notamment. Ce sont des réseaux dont l’organisation correspond au modèle de la diplomatie d’influence qui doit prévaloir au 21e siècle.

Je pense que les réseaux d’éducation et d’enseignement doivent eux aussi se réorganiser. Et si je dis que la réforme ne doit pas rester au milieu du gué, c’est parce que je constate des résistances au changement. Certains prennent prétexte de la crise du Covid-19 pour demander une suspension des réformes. C’est tout le contraire qui doit se passer. La crise sanitaire doit être un accélérateur de réforme pour gagner en efficacité et consolider l’existant.

Quelles mesures souhaiteriez-vous mettre en œuvre dès à présent, pour consolider le réseau d’enseignement français à l’étranger ?

Dans mon rapport, j’ai adjoint un avis personnel dans lequel j’explicite ma vision à 10 ans de l’enseignement français à l’étranger. Je suis persuadé, chiffres à l’appui, qu’aujourd’hui, il n’y pas lieu d’augmenter le budget de la diplomatie culturelle et d’influence. Ce budget a été augmenté depuis trois ans, après des années de recul. La subvention au réseau est passée de 383 millions d’euros l’an dernier à 417 millions d’euros cette année. En cumulant le budget de 2021 et les aides Covid-19, nous sommes très loin d’une prétendue difficulté financière des réseaux. Si les budgets ne sont pas utilisés, c’est que nous ne sommes pas suffisamment organisés et outillés pour les dépenser.

Dans l’avis que je rends au nom de la commission des Affaires étrangères, je préconise notamment que l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) recentre son organisation autour de ses trois métiers principaux : le développement du réseau, l’excellence du réseau, et l’administration des 70 lycées dont elle a la gestion directe.

Au sein de la commission des Affaires étrangères, nous apprécions également que l’Éducation nationale s’implique davantage dans la dimension internationale de la formation des enseignants en particulier.

La crise sanitaire doit être un accélérateur de réforme pour gagner en efficacité et consolider l’existant.

Comment la gestion des ressources et la numérisation participeront-elles à la relance des réseaux, après la crise sanitaire ?

La gestion des ressources est un sujet sur lequel nous devons travailler. Les ministères et les opérateurs ont l’habitude de regarder ce qui est à leur disposition et voir ensuite ce qu’ils peuvent faire. Or, il faudrait s’inscrire dans une optique totalement différente, à savoir s’interroger d’abord sur les objectifs, les besoins et les manques, pour se donner les moyens d’atteindre ces objectifs.

Dans le cas de l’AEFE et de son métier de développement du réseau, la démarche devrait consister à anticiper les besoins et être proactif. Par exemple, se dire qu’ouvrir une école à Gaza aujourd’hui pour développer l’enseignement français sur place, c’est une nécessité et s’en donner les moyens plutôt que d’attendre que l’opportunité se présente.

Sur le plan de la numérisation, nous avons une marge de progrès énorme encore. Nous avons depuis peu, une nouvelle manière de poser le problème de la numérisation, et c’est la bonne, je pense. Il ne s’agit pas tant d’un problème d’achat ou de remplacement de matériel que de se demander « quels sont nos besoins ? ».

Dans les cinq ans à venir, Covid-19 ou pas, l’enseignement français à l’étranger connaîtra une transformation radicale par le développement du distanciel. A nous de nous poser les bonnes questions, en termes de formations, aujourd’hui, pour savoir de quelles ressources nous aurons besoin demain.

Lire l’entretien dans son intégralité sur LePetitJournal.com

(1) Frédéric Petit est député MoDem des Français établis à l’étranger - 7ème circonscription : Allemagne, Europe centrale, Balkans.


Lire aussi :
 
sur le site de l’Association Démocratique des Français à l’Étranger :
L’enseignement français à l’étranger, le réseau culturel et la francophonie fragilisés par la crise sanitaire