Apprendre le français en France
Enseigner le français L’actualité du FLE et du français dans le monde

La noblesse du métier

Les occasions de citer Louis Porcher sont innombrables, et à chaque nouveau billet de son blog pour l’association de diadactique du FLE ASDIFLE je me dis que voici le moment de reprendre une de ces idées si pertinentes... et puis le flux de l’information, son immense pression nous dépose ailleurs...
Cette fois, c’est encore un point central que son article du 31 mars touchait, le mépris rampant et bien vivace dans nos universités pour les compétences pédagogiques. Tous ceux qui ont fréquenté les amphis de premières années d’université comprendront. En dépit des grands discours sur l’évolution des compétences didactiques et pédagogiques, nos grands professeurs et maitres de conférences en sciences du langage (puisque c’est essentiellement dans ces départements que les futurs professeurs de FLE sont formés) ne brillent pas toujours par leurs qualités de vulgarisation des savoirs et seraient même assez peu empressés dans l’humble partage du savoir avec leurs étudiants. C’est que, comme le dit très bien Louis Porcher, "cette activité-là est ignoble", et qu’elle n’arrive pas à la cheville de la prestigieuse activité de chercheur s’adressant à ses pairs, mesurable en nombre d’articles et de citations. Pourtant il serait temps pour nos professeurs d’université de s’intéresser à la façon dont ils prennent soin des cohortes d’étudiants dont ils ont la charge, de s’interroger sur l’adéquation des contenus qu’ils proposent à un monde passablement bouleversé depuis qu’ils ont obtenu leur thèse. Jusqu’ici ils n’y étaient guère encouragés, puisque l’essentiel de leur valeur estimée se mesurait aux nombres d’articles publiés, mais il semble que le vent tourne, et que s’adresser à des amphithéâtres pleins de jeunes Béotiens en lisant une synthèse de son domaine de recherche sans se préoccuper de savoir si on est vraiment entendu et compris soit de plus en plus mal vu.

"Dans la tradition académique, la préoccupation pédagogique ne relève pas de l’université"

Brigitte Albero a dresse un très bon état des lieux il y a plus de deux ans, sévère et juste. De plus en plus de voix s’élévent pour "accompagner les enseignants dans la mutation de leur culture professionnelle, en revalorisant notamment le volet pédagogique par rapport au volet recherche", comme dans cette étude qualitative de l’ENSIB très récente.

De nombreux chercheurs venant des sciences de l’éducation, de la psychologie de l’apprentissage donnent de précieuses indications sur la façon dont les étudiants apprennent et leurs recherches pourraient aider les enseignants à rendre leurs cours plus "utiles"et moins austères, sans sacrifier aux contenus qu’ils se sont chargés de "transmettre".