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La classe inversée ou comment "(re)donner envie"

Depuis quelques années, j’utilise de plus en plus la technologie hors de la salle de cours...

C’est là d’abord un effet de l’impossibilité de faire mes cours tels que je le voulais dans des salles mal connectées, avec un mobilier horriblement pesant, violent même dans ses allégeances à l’ordre scolaire le plus ancien. Je me sentais si mal de devoir imaginer des cours avec des plans B en cas de défaillance technique, de devoir redouter les problèmes avec le son, d’imaginer des solutions pour faire travailler les étudiants en groupe avec de lourdes tables en rang d’oignons.

Je me sentais mal également dans la scénarisation des mes séquences, toujours à la merci d’une ressource en ligne qui viendrait manquer.

La classe inversée m’a permis de tout anticiper, pour mes étudiants et moi et d’arriver le cœur léger en classe. Neuve et solide pour écouter, donner de l’énergie, observer les interactions, voir où sont les demandes. Entièrement disponible.

La première pratique de classe inversée que j’ai pu observer, c’est il y a presque 20 ans. Un prof de philo mettait en texte en ligne sur un forum et demandait à chacun de commenter avant le cours. Il préparait alors son cours magistral en fonction des représentations des apprenants. Le cours changeait en fonction de ce qu’il avait perçu.

Je trouve très rassurant d’arriver en cours avec des étudiants qui savent déjà de quoi on va parler, ce que l’on va faire et qui se sont préparés.

L’art du prof c’est alors de donner envie aux étudiants d’apporter une pierre à l’édifice commun.

A la fin du cours les étudiants ont parcouru plusieurs fois le contenu du cours : ils ont lu ou écouté un document, ils ont écrit des commentaires, ils ont discuté, et finalement ils participent à une synthèse collective si besoin est.

Cette façon de travailler est exigeante en terme de préparation, elle nécessite un véritable DESIGN. Chaque séance met en jeu une ingénierie pédagogique spécifique, dans laquelle finalement la technologie ne joue pas un rôle essentiel. Je dépose chaque semaine les éléments de base de la séquence à venir sur le blog/site du cours, j’envoie les consignes par mail avec des liens vers les informations nécessaires - le travail de curation fait partie de on travail de formateur. Je m’assure que le travail par groupes peut se faire s’il le faut, et je laisse alors l’intelligence des étudiants faire son œuvre !

Le cours est un moment de présentation de ce qui a été trouvé, créé devant les autres. Un moment de négociations, de redéfinitions. Comment faire pour que les documents soient lus, vus, annotés et que les contenus soient au rendez-vous pour le cours ? C’est simple, le contrat est clair, les participations, qu’elles soient sous forme de commentaires sur le site ou sous forme de présentations, de résumés de productions multimédia sont évaluées.