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Maintenir l’usage du français dans l’enseignement supérieur : pétition de l’ASDIFLE

Une des dispositions du projet de loi sur l’enseignement supérieur adopté au Conseil des ministres le 20 mars dernier comporte des éléments qui, s’ils sont adoptés, porteront atteinte à l’usage de la langue française dans la transmission des savoirs dans l’enseignement supérieur.

L’adoption de ce texte a motivé une déclaration solennelle de l’Académie française en date du 21 mars.

L’ASDIFLE, l’association de didactique du français langue étrangère, se mobilise pour le retrait de cet article du projet de loi.

La généralisation de l’anglais comporte en effet des risques considérables pour la qualité de notre enseignement et pour notre politique d’influence.

A la liste des exceptions à l’obligation d’emploi du français déjà prévues, le nouveau texte indique que « des exceptions peuvent également être justifiées par la nature de certains enseignements lorsque ceux-ci sont dispensés pour la mise en œuvre d’un accord avec une institution étrangère ou internationale tel que prévu à l’article L 123-7 ou dans le cadre d’un programme européen ».

De ce fait tout enseignement dispensé en France et lié à une coopération avec un ou plusieurs autres établissements étrangers pourrait être dispensé en anglais c’est-à-dire à terme tous les cours dispensés dans les universités françaises puisque la plupart des formation sont aujourd’hui inscrites dans des accords de partenariat.

La limite la plus évidente de la généralisation de l’enseignement en anglais tient à la qualité même de l’enseignement qui sera dispensé et la qualité de sa réception par les étudiants compte tenu du niveau de maitrise de l’anglais des enseignants et des étudiants.

Cet enseignement aura des conséquences sociales et culturelles profondes sur notre société à long terme. Formés en anglais dans quelle langue les professionnels s’adresseront-ils aux usagers ? à leurs clients ? A-t-on considéré les conséquences sociales et culturelles d’une telle décision sur le territoire national alors même que le niveau de maitrise de la langue française est de plus en plus préoccupant ? Comment justifier le choix de l’anglais dans notre système d’enseignement supérieur alors que les autres langues régionales ou internationales (arabe, portugais…) parlées dans les familles, ne sont toujours pas largement enseignées dans le système éducatif français ? Par ailleurs cette mesure est en contradiction avec les efforts de l’Etat pour accompagner l’enrichissement de la langue française (action de la Délégation générale à la langue française et aux langues de française).

Enfin, notre politique d’influence serait très rudement affaiblie par une mesure aussi symbolique que celle-ci. Comment expliquer à nos partenaires de la francophonie cette mutation profonde de notre enseignement supérieur, lieu de formation des élites nationales ? Pourquoi promouvoir le français dans le monde si son emploi n’est pas assuré en France ? Comment expliquer à un étudiant étranger qu’il est utile d’apprendre le français pour contribuer à la diversité linguistique et culturelle ? Comment expliquer à celui qui aura fait le choix d’apprendre le français dans son pays qu’il poursuivra sa scolarité en France en anglais ?

L’argument selon lequel l’attractivité du territoire pour les étudiants étrangers grâce à une généralisation de l’anglais doit primer est irrecevable.

Les étudiants étrangers viennent certes sur notre territoire pour l’excellence de notre enseignement mais on oublie qu’en choisissant d’étudier dans notre pays, ils viennent aussi chercher une autre manière d’apprendre - méthodologie à la française pour l’enseignement des mathématiques, de l’histoire, du droit par exemple - de dire et de penser le monde, une alternative culturelle. Quelle sera notre différence si nous faisons au mieux comme les autres ?

Les francophones sont des relais de notre culture, des promoteurs de la France et des produits français, des défenseurs des idées de démocratie, et d’égalité diffusées dans les médias de langue française, quel message leur adressons-nous en adoptant ce texte ?

En savoir plus et signer la pétition