Langues et Sciences Humaines dans les Grandes Écoles
Doit-on mettre les langues et les humanités au service de la formation des ingénieurs et des managers ou bien mettre les formations d’enseignement supérieur au service de l’Humanité ? C’est une question très sensible que se pose, que nous pose l’UPLEGESS (Union des Professeurs de Langues des Grandes Ecoles) à l’occasion de son 42ème Congrès qui se déroulera à Ecole Centrale de Lyon du 22au 24 mai 2014. Un appel à contributions est lancé que nous partageons ici en attendant sa prochaine mise en ligne sur le site UPLEGESS (en cours de reconstruction).
42ème Congrès de l’UPLEGESS- Ecole Centrale de Lyon - 22-24 mai 2014
Langues et Sciences Humaines dans les Grandes Écoles : Dialogues et projets d’avenir
Doit-on mettre les langues et les humanités au service de la formation des ingénieurs et des managers ou bien mettre nos formations d’enseignement supérieur au service de l’Humanité ? Cette question nous invite à porter simultanément notre regard vers le passé et l’avenir. Derrière nous il y a l’histoire de nos institutions, les êtres et les circonstances qui ont façonné nos formations. Devant nous il y a le futur probable mais toujours incertain que nous envisageons de manière réflexive et prospective. Entre les deux il y a ce présent que nous parcourons et que nous transformons à travers nos gestes, nos paroles et nos actes, nous transformant nous-mêmes.
En 1996, la Conférence des Grandes Ecoles organisait à l’Ecole Centrale de Lyon et à l’INSA un colloque intitulé "Humanités et Grandes Ecoles". A l’époque il était question de répondre aux défis économiques et sociaux suscités par la mondialisation. Les formations jugées trop cloisonnées mais aussi trop "rationnelles" ne paraissaient plus adaptées à la complexité des enjeux, aux incertitudes croissantes et aux réalités du monde professionnel. Deux visions complémentaires semblaient alors s’opposer : une approche dite « des Humanités » mettant l’accent sur l’importance de la culture dans la formation et une approche dite des « Sciences humaines et sociales » qui mettait en avant le rôle des langues et des SHS dans la compréhension, par les étudiants en formation, des situations professionnelles concrètes auxquelles ils seraient confrontés. D’un côté une vision critique de l’entreprise sans prise directe sur la transformation des choses, de l’autre un projet de rationalisation instrumentale délaissant peut-être l’idéal d’émancipation humaine et négligeant les capacités d’innovation.[1]
Que s’est-il passé depuis lors ? Les relations entre les langues et les SHS ont-elles évolué au cours des deux dernières décennies suivant des logiques plus transversales et interculturelles ? Sont-elles encore menacées dans leur statut ou leur existence ? Quelles connaissances ou compétences permettent-elles de développer chez les étudiants et comment les définit-on, à présent, dans les programmes de formation ? Ont-elles gagné une meilleure visibilité, une plus grande reconnaissance ou demeurent-elles, au contraire, des disciplines de service apportant un supplément d’âme à d’autres spécialités ?
Actuellement la recherche de nouveaux paradigmes scientifiques et éducatifs est motivée par une conjonction de facteurs dont la nature semble très diverse et parfois même contradictoire. Parmi ces motifs, citons : la contrainte économique liée à la mondialisation et à son corrélat, l’économie de la connaissance ; la liquéfaction des structures sociales dans l’univers des réseaux ; la question de la vulnérabilité environnementale ; l’accélération technique et les pressions psychologiques qui s’exercent sur les individus ; les politiques publiques et l’exigence démocratique ; la demande de reconnaissance, enfin, de la diversité culturelle et épistémologique du monde. Savoir communiquer à l’écrit comme à l’oral devant un public de plus en plus diversifié, avec un impact qu’on ne saurait toujours mesurer, apparaît comme un enjeu majeur pour les responsables de demain : comment produire un discours adapté et responsable qui fait sens pour tous, alors que cette grande complexité linguistique, culturelle et scientifique a en réalité tendance à dépasser les acteurs sociaux ? Enfin, les discours éthiques, pédagogiques et cognitifs pointent les difficultés toujours plus grandes que l’on trouve à appréhender par les méthodes classiques les besoins constants d’innovation, les sciences émergentes de plus en plus hybrides, l’intrication des réalités locales et des enjeux internationaux et les nouvelles relations de travail dans les entreprises.
Dans ce contexte évolutif et assurément complexe qui semble exiger plus que jamais un dialogue entre tous les savoirs, les relations entre les langues et les sciences humaines et sociales dans nos écoles d’ingénieurs et de management ne méritent-elles pas justement d’être réaffirmées, voire réinventées ? Comment créer une synergie entre les langues et les sciences humaines pour une pédagogie ouverte sur le monde et une vraie formation humaine de nos étudiants ?
Le 42° congrès de l’UPLEGESS qui aura lieu à l’Ecole Centrale de Lyon, 18 ans après le colloque "Humanités et Grandes Ecoles" sera l’occasion de faire le point sur l’évolution historique des liens entre langues et SHS et sur la place que ces disciplines occupent dans les dispositifs de formation et de recherche de nos établissements d’enseignement supérieur.
Les communications pourront s’appuyer sur des bilans d’expériences, des pratiques pédagogiques ou des réflexions théoriques permettant d’aborder des problématiques ou des enjeux tels que :
- l’histoire, le présent et l’avenir des langues et des sciences humaines et sociales dans les Grandes Écoles ;
- les langues et les SHS face aux mutations culturelles et sociales qu’impliquent les évolutions technologiques et qu’engendre l’espace socio-numérique. ;
- les dialogues et complémentarités entre langues, SHS, management et sciences de l’ingénieur.
- les SHS en cours de langue, les langues dans les cours de SHS
- les innovations pédagogiques et les pratiques interculturelles et interdisciplinaires favorisant les liens entre langues et SHS.
- les interactions possibles entre l’expérience personnelle et professionnelle, la recherche théorique et la recherche-acti
Le congrès vise à enrichir et à approfondir les efforts de réflexion collective en permettant aux enseignants et aux chercheurs de mutualiser leurs expériences pédagogiques, didactiques et conceptuelles. C’est pourquoi les contributions pourront témoigner aussi bien d’une réflexion individuelle que d’une expérience collective menée, par exemple, dans le cadre d’une langue particulière, d’un département ou d’un projet interculturel et/ou interinstitutionnel.
Conformément aux objectifs du congrès, les contributions attendues sont de trois types :
1- Communication : qui sera présentée oralement et intégrée dans une table-ronde ou un atelier thématique. Elle s’appuiera sur un article (30.000 caractères max, espaces compris) qui sera reproduit dans les actes du Congrès et pourra faire l’objet d’une publication ultérieure.
2- Symposium ou Atelier : regroupant plusieurs posters et communications autour d’une thématique commune. Cette modalité pourra permettre à une équipe pédagogique ou de recherche de présenter les diverses facettes d’un projet collectif ou bien de réunir un ensemble de communications autour d’une problématique ou d’une langue partagée.
3- Poster : une affiche sur un panneau illustrant une problématique ou une expérience pédagogique. Les participants du congrès pourront examiner librement les posters et discuter avec leurs auteurs, notamment lors des sessions posters prévues à cet effet.
SOUMISSION ET SELECTION DES CONTRIBUTIONS :
-La langue de communication est le français.
-Chacune des communications orales durera 15 à 20 minutes et sera suivie d’une discussion d’une durée équivalente.
- La présentation d’une communication ne doit en aucun cas prendre la forme d’une lecture d’un texte écrit.
-Toutes les propositions de contributions (communications, symposiums et posters) devront être adressées au Conseil Scientifique de l’Uplegess au plus tard le 31 janvier 2014.
-Le texte des propositions ne devra pas dépasser 3000 caractères (espaces compris).
-Chaque proposition devra être précédée d’un titre et suivie d’une liste de mots-clés et d’un bref CV de l’auteur ou des auteurs de la contribution.
-Le Conseil Scientifique sélectionnera les contributions en prenant en compte l’originalité et la pertinence des propositions.
- Les réponses relatives aux contributions acceptées seront envoyées aux auteurs pour le 15 mars 2014.
- Les textes complets (30.000 caractères maximum, espaces compris) et les posters à publier seront à envoyer avant le congrès, au plus tard le 25 avril 2014.
CALENDRIER
31 janvier 2014 : Date limite de réception des propositions de contribution
15 mars 2014 : Réponses du Conseil Scientifique
25 avril 2014 : Date limite de réception des documents définitifs pour les Actes
21/24 mai 2014 : Tenue du 42ème congrès UPLEGESS à l’Ecole Centrale de Lyon
[1] Marie-Laure CHAIX, Former aux « humanités » ou former aux sciences humaines et sociales ? RECHERCHE et FORMATION N° 29 - 1998, pp. 51-72