Apprendre le français en France
Enseigner le français L’actualité du FLE et du français dans le monde

Tous entrepreneurs !

La rencontre organisée samedi 15 février à la Librairie pédagogique du FLE a été l’occasion de présenter l’enquête sur les métiers du FLE organisée par notre équipe en 2013 et de commenter le dossier en ligne sur les métiers du FLE. L’objet de cette rencontre était de mettre plus particulièrement l’accent sur l’entrepreneuriat, objet d’une section de ce dossier : Panacher FLE et...


> Entre cul-de-sac et piste d’envol

Elodie Ressouches et Martine Dubreucq ont dressé un état des lieux de la profession caractérisée par la diversité des contextes, des statuts, des conditions de travail, et la discussion s’est engagée sur les modalités pratiques de la création d’une petite entreprise en FLE.

Le sujet revient régulièrement depuis maintenant 10 ans, sans que les constats aient beaucoup changé. Les Actes des Rencontres ASDIFLE en 2003 et les États généraux du FLE en 2006 appelaient déjà tous à une reconnaissance du champ didactique à l’Université d’abord, reconnaissance de la profession ensuite. Toujours autant de précarité et des tarifs d’heures de cours plutôt ... à la baisse ! Il fut une époque où l’on croyait à une lutte collective malgré la diversité des statuts et des conditions d’exercice du métier de professeur de FLE, et où on espérait une modification des conventions collectives, l’apparition d’un véritable statut des intermittents du FLE. Il semble que ces combats ne soient plus une priorité. La dernière rencontre de l’ASDIFLE s’est achevée sur une seule bonne nouvelle : la création prochaine de la mention FLE dans le CAPES de lettres modernes.

Le dossier des métiers du FLE et les résultats de notre enquête montrent bien que si l’enthousiasme pour le métier reste vif, les possibilités d’évolution à l’intérieur de structures où on peut être salarié ne sont pas légion. Bon nombre d’enseignants subissent des conditions de travail qui ne sont pas celles que l’on estimait légitimes et décentes il y a une douzaine d’années et essaient de jongler avec les CDD, les vacations dans plusieurs écoles, les cours particuliers. La précarité s’est installée un peu partout, et on en a fait un mode de vie qui a ses avantages, du moins tant que l’on est jeune et bien en forme !

Alors dans ces conditions pourquoi pas l’auto-entreprise, en complément, en appoint d’un mi-temps dans un centre, ou l’aventure totale de l’entrepreneuriat ?


> Se lancer en solo

Si on touche à cette question, on aura forcément quelques grincements de dents… Contournement du droit du travail, salariat déguisé sans les protections associées, isolement, transformation des "travailleurs" en sous-traitants bon marché… Le FLE partage en cela les caractéristiques de nombreux emplois aujourd’hui. Le secteur court le risque de la déprofessionnalisation avec l’arrivée de personnes non formées qui proposent un travail à moindre coût et de moindre qualité. On ne manquera pas de mettre en garde contre le mythe du "free-lance" nomade, avec une certaine idéologie qui l’accompagne, qui fait de chacun un prof sandwich, tributaire de sa visibilité, de son affichage en ligne pour lesquels il doit activement travailler au détriment parfois de son "coeur de métier". Enseigner le français n’est pas seulement communiquer, et faire en sorte que sa voix porte plus fort et plus haut que ses collègues et... concurrents. Difficile en effet dans ces conditions de coopérer lorsqu’on a tous plus ou moins les mêmes compétences et les mêmes publics cibles. Rappelons en outre que le chiffre d’affaires moyen d’un auto-entrepreneur s’élève à 1 000 euros par mois, selon l’Insee, soit l’équivalent d’un petit Smic, et que par conséquent le statut d’entrepreneur n’est pas la solution miracle !

A moins que l’on sache mieux cibler le public pour lequel on a envie de travailler, et le convaincre par ses compétences et son expérience (recommandations, blog pédagogique, réseau actif d’anciens étudiants), à moins que l’on parvienne à partager avec les autres formateurs et à beaucoup donner pour beaucoup recevoir ! Autant de compétences de communication qui ne sont pas toujours celles que la formation initiale en FLE nous as permis d’acquérir.


> Échange avec Corentin Biette

L’entrepreneuriat implique une prise de risques personnelle qui est justement la notion que Corentin Biette, créateur de "Café du FLE" met le plus en avant. Corentin a dialogué via Skype avec la salle et a répondu aux questions qui touchaient principalement à la dimension commerciale du statut. En d’autres termes : comment se vendre ?

On retrouvera la plupart des informations concrètes que Corentin a données sur le site Café du FLE, en particulier dans les entretiens qu’il réalisés avec des enseignants et formateurs qui ont choisi de franchir le pas.

Une sélection de pages du Café du FLE  :

Le kit de survie de l’enseignat indépendant
Enseignants indépendants : phase commerciale

Emploi FLE : être visible et publier ses travaux

Entretien avec Carole Hus : Enseigner FLE : devenir formateur indépendant
Entretien avec "Les Zexperts" : Organisation de séjours linguistiques : des conseils pour se lancer !


> Des compétences à développer

En bref, outre ses compétences de formateur, il faut penser à :

- être présent et visible en ligne : veille pédagogique, réseaux sociaux (linkedIn et ses groupes, Facebook, Twitter, Scoop-it)
- se former aux outils de publication (traitement de texte, Tableurs, blogs, retouche d’image, mais aussi graphisme et mise en page papier)
- maitriser le outils de communication classiques (lettre de diffusion, gestion des contacts, gestion de messagerie)
- se former aux bases de la gestion et de la comptabilité. Il y a des formations courtes et peu onéreuses, parfois même des formations gratuites comme ici à l’anti-café.
- surveiller les MOOCS francophones, qui offrent de nombreuses ressources et activités utiles. Par exemple le MOOC "Gestion de projet"
- Aller voir les MOOCs anglophones si on maîtrise la langue : les 7 meilleurs MOOCs pour les créateurs d’entreprise


> Quelques sites à garder dans vos favoris

- L’APCE (Agence pour la Création d’Entreprise) est un organisme de référence :
Auto entrepreneur :
http://www.apce.com/pid56/auto-entrepreneur.html
L’ensemble des dispositifs d’aide (financement, accompagnement, formation...) :
http://www.apce.com/pid319/qui-peut-vous-aider.html?espace=1
Vous pouvez retrouver des modèles de documents à utiliser en vous créant un compte ici.

- Les documents de la CCIP :
Entreprendre seul : comparatif des structures juridiques

Pour les autres statuts (Association et SCOP) consulter notre dossier, section "Entrepreneuriat".