Apprendre le français en France
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Episode 3.Le numérique avance, même à l’Université !

Cette semaine, l’équipe de Fle.fr vous propose de visionner sur Canal U la vidéo de l’intervention de Christian Ollivier : "Approche interactionnelle en didactique des langues et web 2.0", proposée lors du séminaire des 12 et 13 décembre à l’Université Paul Valéry - Montpellier 3.

« Dites-moi, Jean-Marie, comment vous appelez-vous ? » écrivait Eugène Ionesco, dans Exercices de conversation et de diction française pour étudiants américains. L’absurdité de la question fait rire les enseignants, dit Christian Ollivier, maitre de conférences en didactique du français à l’Université de La Réunion. Et pourtant, des questions dont on connait pareillement les réponses sont posées chaque jour en cours de langue !

Le chercheur rappelle tout d’abord les fantasmes qui ont entouré l’apparition d’internet : le réseau allait permettre de « sortir de la classe » et de communiquer avec d’autres. Mais ce souhait d’ouverture a été battu en brèche par la permanence d’une « relation verticale » entre l’apprenant et l’enseignant, qui peinent à sortir de leurs rôles respectifs. Malgré l’inventivité des pédagogues, les expérimentations numériques (échanges avec des natifs sur des forums, des chats, dans des courriels…) demeurent seulement des « tâches proches de la réalité » et non des échanges « pour de vrai » - comme le note une apprenante.

« L’objectif principal du cours de langue n’est pas de savoir communiquer avec le prof » rappelle Christian Ollivier. Il propose donc d’ajouter à ses pratiques pédagogiques (on ne fait pas table rase !) des tâches « ancrées dans la vie réelle », permettant de dépasser l’interaction au sein de la classe.

Ainsi, plutôt que de faire rédiger aux apprenants une « carte postale » à « un ami » (lue par le professeur uniquement), il suggère de leur faire écrire des textes ayant un « vrai destinataire » et un « vrai enjeu », tels que des articles sur une encyclopédie participative, des recettes de cuisine pour un site social ou encore des condensés d’informations en réponse aux interrogations des voyageurs fréquentant les forums touristiques. L’étudiant a un savoir à partager et va au-delà des actes de paroles grâce à la dimension sociale des interactions (les internautes proposeront peut-être de supprimer du beurre mais pas d’ajouter un « s » !).

Faire « un travail qui fait sens » et respecter le « contrat social du site » : voilà deux principes qui, d’après les expérimentations menées par le chercheur dans ses propres cours, concourent à motiver et faire progresser les apprenants. L’évaluation quant à elle reste dans le registre de la simulation.